Pôle de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique de l’Ouest Parisien

Prothèses totales inversées

INTRODUCTION

La mise en place d’une prothèse totale d’épaule se justifie lorsque la destruction de l’articulation est source de douleur et de limitation fonctionnelle non soulagée par le traitement médical.

La principale indication est l’arthrose, mais les patients souffrant de rhumatismes articulaires (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, rhumatisme psoriasique), ou de séquelles de traumatismes sont également concernés par cette option thérapeutique.

Il existe plusieurs types de prothèses. Les prothèses totales d’épaule anatomiques et les prothèses totales d’épaule inversées. La prothèse dite inversée concerne les patients dont les tendons qui mobilisent l’épaule sont rompus ou incompétent. Le dessin de la prothèse permet d’utiliser le muscle deltoïde comme élément moteur principal de l’épaule. L’objectif est de restaurer une épaule fonctionnelle, c’est à dire indolore et mobile.

 

TECHNIQUE CHIRURGICALE

L’intervention consiste à remplacer les surfaces articulaires usées par des pièces prothétiques. Elle est réalisée sous anesthésie générale associée à une anesthésie locorégionale (l’épaule et le bras sont endormis) pour diminuer les douleurs après l’intervention. L’incision est réalisée soit sur la partie antérieure de l’épaule soit sur le côté de l’épaule selon la technique (1).

Les muscles et les tendons sont réclinés jusqu’à ouvrir l’articulation de l’épaule. A l’aide d’instruments appelés ancillaire, le chirurgien réalise des coupes osseuses afin de préparer l’humérus et la glène à recevoir les pièces prothétiques (2 & 3).

Elle se compose d’une partie pour l’omoplate en forme de ½ sphère pleine (glénosphère) et d’une partie pour l’humérus en forme de ½ sphère creuse. Cela permet de déplacer le centre de rotation de l’articulation et d’utiliser le deltoïde comme muscle moteur.

Une fois l’intervention réalisée, un pansement est mis en place et le bras est immobilisé dans une écharpe (4).

 

SUITES OPÉRATOIRES & RÉÉDUCATIONS

L’hospitalisation dure en moyenne 4 à 5 jours. Le lendemain de l’intervention l’infirmière refait le pansement. Un kinésithérapeute réalise votre premier levé et la mise au fauteuil. Une première mobilisation douce est réalisée afin de conserver la souplesse de l’épaule. Le retour à domicile se fait au bout des quatrièmes ou cinquièmes jours selon la récupération.

Le protocole de rééducation est variable selon la technique et la prothèse mis en place. Quelque soit le protocole, celle-ci vise à restaurer les mobilités et l’absence de douleur. Il débute par une mobilisation passive, puis progressivement le patient récupère une mobilité propre utile dans la vie quotidienne.

 

RÉSULTATS

L’objectif de la chirurgie est double :

• Récupérer l’indolence, c’est-à-dire une épaule indolore

• Obtenir la récupération fonctionnelle

 

91% des prothèses d’épaule inversées sont en place au bout de 10 ans. La reprise des activités courantes est habituelle à partir du deuxième ou troisième mois. La conduite est reprise le plus souvent à deux ou trois mois après l’intervention. Le bricolage et le jardinage vers le sixième mois. Le résultat définitif optimal se fait à 1 an. La reprise des activités sportive se fait de manière progressive et prudente, notamment pour ceux sollicitant de façon importante l’épaule.

 

RISQUES

Les complications postopératoires immédiates sont rares :

 

L’hématome se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.

Le trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.

L’infection profonde est exceptionnelle. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.

L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.

Les lésions nerveuses sont rares, elles touchent le plus souvent le nerf axillaire. Il s’agit le plus souvent d’une lésion d’étirement liée aux manœuvres durant l’intervention et qui récupèrent spontanément. Exceptionnellement il s’agit d’une atteinte plus grave qui peut justifier une nouvelle intervention et laisser des séquelles conséquentes.

La luxation de la prothèse, comme pour presque toutes les prothèses, peut survenir généralement à l’occasion d’un traumatisme ou d’un faux mouvement. Elle survient généralement dans les premiers mois suivant l’intervention. Elle nécessite une réduction associée à une immobilisation, mais peut parfois justifier, surtout si les luxations se répètent, une nouvelle intervention.

L’infection secondaire est une complication rare mais grave. Elle peut survenir même très longtemps après la chirurgie et peut provenir d’une infection à distance de l’épaule, comme une infection dentaire ou urinaire. Une infection sur la prothèse peut conduire à une nouvelle chirurgie. Il faudra donc surveiller attentivement, traiter les infections toute votre vie et prendre bien soin de votre peau en évitant toute plaie qui constituerait une porte d’entrée pour les bactéries

 

Les risques énumérés constituent une liste non-exhaustive.